Bas les masques

 



Au fondement de mes deux mondes, j'ai deux vies parallèles qui se croisent lorsque mon passé perdant, sort des profondeurs de mes tentatives d'oublis perpétuels. Dis-moi que je suis agréable à regarder, pour que je puisse te charmer un peu plus, et toujours plus. 

Dans le souci du détail, je vais t'aimer et te faire souffrir sans m'en rendre compte, pour me rassurer que je ne sois pas fautif. Je ne me suis jamais aimé, et ma plus grande préoccupation est de juger mes semblables, l'influence que j'exerce sur autrui est calculée, dans le but de me propulser dans un univers gagnant, que je n'ai jamais pu atteindre.

Aujourd'hui le masque portant les traits d'une tristesse absolu. Demain dans la mascarade d'être colérique. Il n'est possible de me faire aucun reproche, tant je me suis adonné à me conforter dans mes idées de vérités absolues.

Un jour avec un sourire, un autre avec la tempête sur mes fossettes. En quête de reconnaissance et de succès, j'ai besoin que l'on me dise que je suis attirant, performant et original.

L'idée de ressembler aux autres, m'insupporte, tant j'ai souffert d'évoluer, de manière obligatoire et scolaire, dans un univers de normalité oppressant, haineux et dévalorisant. Ma dépendance affective est telle, que mon enfance à être comparé par mes aînés de manière constante m'a poussé à atteindre des sommets.

Tout cela pour toujours chuter de trop haut, et de ressentir une culpabilité tueuse.

Oui j'ai toujours pensé être altruiste, lorsque j'ai compris qu'il fallait d'abord penser à moi-même. Faire attention à ce que je dis, pour ne pas contrarier l'autre, en permanence. J'entretiens des relations floues, et je change fréquemment d'opinions. Je raconte des mensonges, toujours dans cette optique de valorisation. Il est très clair que je n'ai pas conscience du mal que je provoque.

J'ai su tout cela, lorsque je me suis fait battre pour la première fois de ma vie. Quelqu'un m'a dit de stopper, m'a forcé à arrêter ma course à la création de ce cœur de pierre, inéluctable. Un confrère, m'a fait comprendre que je ne suis qu'un imposteur, une âme qui perdure car elle tient debout grâce à ses masques, ces visages de mort.

Je suis en train de rater les meilleurs moments de ma vie, simplement parce que je décide de m'enfermer dans une vie confortable, sans y voir le mal égoïste que je peux créer tout autour de moi. Décider de rester en vie, pour ne laisser prospérer que la destruction à venir, ce n'était pas dans mes objectifs de ce choix de rester en vie.

Toutes ces attentes démesurées, pression excessive, m'ont fait devenir un être bientôt insensible. Il suffit de compter le nombre de "je" dans ces vers proches d'un testament, pour comprendre à quel point j'aime me mettre en avant, et l'excuse d'avoir souffert du fait d'être exclu en permanence ne compte plus, n'est plus permise lorsque nous vivons aujourd'hui dans un monde où les faux pas sont devenus très punitifs.

Je reste encore aujourd'hui persuadé de mes idéologies, de mes croyances, notamment sur le fait que nous soyons faits pour aimer plusieurs personnes et nous procréer en permanence. Et je ne comprendrais jamais jusque mon lit de mort, que nous cherchons à nous sortir de notre statut d'animaux, de mammifères en quête de surpopulation constante.

Les question que je me pose véritablement, ai-je tort d'être ce pervers narcissique bien plus humain, finalement, qu'un être qui se voilera la face ?

Être normal est synonyme de n'être nocif pour personne ? Porter un masque pour se protéger est forcément mentir ? Le mensonge est-il vraiment le mal absolu lorsqu'il permet de sauvegarder l'intégrité des sentiments, du bonheur et de la volonté de rester en vie ?

Le problème ne sont pas les choix entrepris, mais bel est bien notre façon de considérer le bien et le mal. Il devient urgent de saisir définitivement que les deux sont nécessaire à toute vie.

À toutes vies qui désirent réellement de vivre...


Jack Schreiber

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