Ephémère


Possédé par mes démons, je marche tel un damné vers l'inévitable. Il est si temps de trouver une échappatoire que je m'adonne à vouloir résister à mon passager noir. Je n'ai plus froid, je ressens une chaleur brulante à l'intérieur de mon corps qui ne cesse de grandir. C'est comme faire le funambule en pleine nuit, sans horizons mis à part ces nuages gris.

Je me martèle à penser que je suis le seul fautif de cet avenir. J'ai cherché là où il ne fallait pas, j'ai ouvert des portes que je n'aurais jamais dû franchir, j'ai fait des choses qui ont failli me conduire derrière des murs de briques.

Les barreaux pour me rappeler cet animal accompli que je suis donc devenu. En temps normal, chaque épreuve est à garder pour se faire progresser. Moi je n'y retiens que de lourds échecs dont les conséquences affectent encore mon présent.

Je voulais juste montrer que j'étais capable d'avoir du pouvoir, de me faire respecter et surtout de me faire plaisir. Á n'importe quel prix, j'étais pourtant conscient que j'allais finir par me faire attraper. Sentir ce gout du risque, pour briser cette routine qui me dévore à chaque fois que je sors de mes rêves, bourrés de perversions, je peux y apercevoir tant de corps que je désire mortellement.

Si je pouvais être enchainé de plaisir, être aussi désiré que j'ai pu l'être à chaque fois que ces portes se sont ouvertes. L'argent de mes erreurs, à chaque encre qui coule c'est un dessein de pulsions qui s'engage, le temps s'arrête pour y laisser place à un tourbillon d'instinct primaire.

Ces sourires, ces gestes, ces formes qui repassent sans cesse dans ma tête, une cassette qui ne se rembobine même pas, elle se change toute seule pour se transformer en des roulements. Ceux même utilisés par le temps, afin de poursuivre son œuvre.

Je vois toutes ces personnalités condamnées pour la même chose que moi, si eux n'ont pas de remords, moi je suis en train de partir vers un monde de pénitence. J'essaie de faire le vide, d'apprendre de mes erreurs, pour finalement résister à ne pas les reproduire.

Passager noir, ficelles invisibles et solides qui articulent mon corps actuel, dénué de toute âme depuis que je l'ai vendu pour tenter de te sauver, il y a quinze ans, en vain lorsque t'es yeux se sont fermés dans mes bras.

Je mise tout sur le froid total, cet exil attendu loin de tous mes proches. Simplement pour éviter de te dire la vérité un jour, leurs yeux puritains n'ont pas eu raison de moi, les tiens seront dévastateur.

Comment peut-on vouloir sortir de cette spirale lorsque c'est cette même addiction qui me maintient désormais en vie. On ne peut retirer le corps défectueux d'un être sans le remplacer, sinon c'est la fin et pourtant je l'ai tant rêvé.

Les cartes se sont mélangées et le jeu n'est plus du tout le même, ma main reste faible et je continue de vouloir miser face à un tapis vide de sens, tant j'ai perdu foi en toute rédemption.

Les joueurs autour sont des personnes qui ne me font plus peur, j'ai besoin d'un public, moi le pervers narcissique qui n'hésitera pas à dévorer la moindre sensation de sevrage. Je ne peux prétendre de dire que je tuerai pour du plaisir, mais presque.

Je ne contrôle plus rien, du bout de mes doigts jusque mes sens, tout est dicté par cette envie de vivre l'interdit en permanence. Je suis libéré depuis quelques instants de ce nouveau monde, emprisonné dans cette jouissance, jusqu'à ce que ce démon sombre frappe de nouveau à l'intérieur de ma tête.

Il faut que je me construise un quotidien à suivre, une ligne continue où je pourrai ne plus penser à m'insuffler de nouveau la vie, ou bien une drogue de substitution, quelque chose qui me permettrai de ralentir cette échéance inévitable.

Jack Schreiber

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